Petite réflexion suite au hacking massif (et, pour un informaticien, relativement rigolo), de la chaîne de télévision TV5-Monde.
Dans les heures qui ont suivis, ces actes ont été qualifiés par deux Ministres, dont le Ministre de l'Intérieur, comme des actes "terroristes".
Je trouve ça pour le moins étrange, en particulier au moment où l'on est en train de nous vendre une loi qui donne carte blanche aux services de renseignements sous couvert de "Lutte contre le terrorisme".
On pourrait faire une thèse sur l'utilisation du mot "terrorisme" chez nos chers gouvernants. Ainsi que sur le refus d'utilisation de ce terme.
Il faudrait en particuliers leur (nous ?) rappeler que terrorisme ne signifie pas "opposé à l'Etat'.
En démocratie, il est tout à fait légitime d'être opposé à l'Etat. La démocratie s'est même construite sur cette idée.
Donnons une définition simple du terrorisme : "utilisation de la violence à des fins politiques et de façon à instaurer un sentiment de peur chez tout ou partie d'une population."
Trois idées principales : "Violence", "Politique", "Peur" (pas besoin d'être latiniste pour comprendre que terrorisme vient de terreur).
Les attentats de janvier, des tirs sur une mosquée, une église, une école juive, une attaque pour une cause x ou y sur des civiles (comme une bombe dans un McDo pour lutter contre la malbouffe) --> terrorisme.
Lutte contre la malbouffe = cause politique. Bombe = Violence. Un McDo en période d'ouverture au public = n'importe qui pourrait crever, donc sentiment de terreur. D'accord ou non avec la cause, si vous continuez d'aller à McDo, vous risquez de mourir. Donc peur. Politique, Violence, Peur, les trois conditions sont réunies.
Une bombe dans une rame de métro pour libérer la Corse --> Terrorisme. Un tag sur un mur "Vive la Corse Libre" --> Non, désolé, mais non.
Viser les clients de McDo (cad tout le monde) --> terrorisme. Un attentat visant un train contenant du simple matériel ou des champs de culture OGM : Violence politique, illégalité flagrante, délinquance avérée. Mais ne mettant pas en danger les civils étrangers à la cause, donc ne causant aucune terreur chez Mr Lambda. Et pourtant, qualifiés de terroristes par les gouvernements précédents. Et passible désormais d'être étrangers à la loi, de ne plus avoir droit à un procès équitable.
Donc revenons, une fois les définitions rappelées, aux événements d'hier et à TV5-Monde. Une grosse attaque ddos, un défaçage de site web, un hack de compte facebook, NON Mr Cazeneuve, ce n'est pas du terrorisme.
La cause est politique. Mais il n'y a ni violence, ni instauration d'un sentiment de terreur dans la population.
Personne n'en est mort et ça ne provoque un sentiment de peur chez personne. Donc c'est une action politique. Illégale. Mais pas terroriste.
A côté de ça, des tirs ou des bombes sur une mosquée, c'est du terrorisme. Le but est politique (lutter contre "l'invasion musulmane"), elle est violente, et a pour but de faire peur aux musulmans. Et pourtant, aucun ministre, aucun parlementaire n'a jamais publiquement condamné ces actes (qui sont en augmentation massive depuis janvier) comme "terroristes". ça laisse songeur.
De même, comme aux States, l'utilisation de nos forces de police pour oppresser et faire peur à toute une partie de la population, c'est du terrorisme. Légal. Certes. Mais qui tue. En France, une dizaine de personne par an. Mais c'est bien une utilisation de violence à des fins politiques et dans le but d'installer un sentiment de peur chez une part de la population.
Donc restez bien en dehors des débats sur les lois en cours d'adoption. Mais sachez bien que quand nos gouvernants veulent une loi antiterroristes, C'est pour se battre contre LEUR définition de ce mot : "opposés à nous". Pas contre celle des universitaires, juristes, spécialistes de la question.
Et s'il suffit de double-cliquer sur un ".exe" sous windows pour tenter une attaque dDos pour être qualifié de terroriste, oubliez un peu Daesh et demandez vous qui pourrait être qualifié comme tel dans les années qui suivent.
Par notre inaction nous sommes tous complices (moi le premier).