lundi 10 décembre 2007

psychose de Korsakoff (Ch. 5)

Quand Sherlock Holmes se retrouvait bloqué au cours d’une enquête, qu’il ne savait plus par où commencer, vers où orienter ses réflexions ou comment planifier ses prochaines actions, il restait assis pendant des heures, voire des jours, à enfumer son bureau à l’aide de sa pipe, avec la classe typique des britanniques. Moi, je restais juste planté là, béatement, légèrement ahuri, attendant que quelque chose se passe.

Bénie soit la technologie moderne, il se passa bien quelque chose : mon téléphone sonna, m’empêchant ainsi de rester debout pendant des heures, voire des jours, à ne pas enfumer ma chambre sans l’aide de ma pipe, avec la classe typique des losers en fin de carrière. Sherlock, ça l’aurait rendu con, le téléphone portable. Genre : « Allo, Watson ? T’es ou, la ? Dans le subway ?!? Attend, ça coupe… Allo ? Non moi je fumais dans le bureau, en téléchargeant une sonnerie rigolote, une imitation de la Reine, j’te l’enverrais par BlueTooth ! »

Ouais, ça l’aurais rendu con, le portable, à Sherlock. Mais à moi, il m’évitait de sombrer encore un peu plus dans le précipice infini de la médiocrité.

- « Allo ? Djay ? C’est Camille, tu me remets ? Tu vas bien ? »

Je déteste qu’on m’appelle Djay, c’est Camille, je la remets, et tout va mal. En l’an deux mille, dans l’ère de la communication, on traduit ça par : « Ouais ! T’es ou ? »

Mais je suis un littéraire, moi, alors au mépris de tous les usages, je rajoute : « Je pensais à toi, justement, je me demandais si t’avais résolu ton problème de… » (Mince, de quoi, déjà ?) « … De cafards d’élevage, et si t’avais envie d’me voir autant que j’ai envie d’te voir… »

Et comme je suis aussi, actuellement, un détective, un enquêteur, je termine : « Sans dec ! Ça fait combien de temps qu’on s’est pas vu ? »

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